Le Blog de Sacrebopol

AFFAIRE KAMERHE (SUITE)

AMP : DES COUPS EN-DESSOUS DE LA CEINTURE
(L.P.)

Les observateurs n'en croient ni leurs yeux. ni leurs oreilles. De l'Alliance de la Majorité Présidentielle, les seuls échos qui leur parviennent depuis plusieurs semaines sont ceux des coups qui ne cessent de pleuvoir. Dégageant pour la plupart un parfum de règlements des comptes, ils visent désormais toujours plus bas, avec une préférence en dessous de la ceinture. La guerre – puisque c'est de cela qu'il s'agit désormais- que livre le pouvoir parallèle contre l'un de ses membres, va connaître son point d'orgue avec la rentrée parlementaire de ce lundi 16 mars 2009.

Recours aux ADM A la veille de la session ordinaire de l'Assemblée Nationale, l'AMP a mis les bouchées doubles pour s'assurer de la loyauté de ses membres. « Il n'est pas question de perdre une seule voix, hormis celle de la personne à abattre », déclare un cacique. L'homme a en mémoire la sévère raclée infligée à la grande majorité au Sénat où She Okitundu, ancien directeur de cabinet du Chef de l'Etat et ancien ministre des Affaires étrangères, avait laissé ses plumes sur le tapis, malgré les assurances données au Président de la République par les ténors de la majorité. Il s'en souvient et en tremble. « Dieu fasse que cela ne se reproduise pas, car l'avenir risque de s'assombrir », souligne-t-il. Pour éviter que l'avenir devienne sombre, trois actes ont été posés. Le premier a consisté à formaliser le désaveu du Président de l'Assemblée Nationale en lui adressant une lettre officielle lui demandant de «démissionner avec effet immédiat ». La réponse a été une véritable douche froide. Vital Kamerhe demande qu'on lui présente le procès-verbal de son audition pour s'assurer de la régularité de la procédure. Il termine en posant la question de fond : « qu'on me dise ce qu'on me reproche ». Oui, que reproche-t-on donc à Kamerhe ? C'est le deuxième acte qui surprend par son contenu.

Premier grief : « On lui a volé deux millions de dollars à la maison », un peu comme pour dire : vous voyez, tous les dollars, c'est pour lui. L'accusation est portée avec légèreté et personne ne s'interroge sur l'origine éventuelle de l'argent.

Deuxième grief : « il est responsable du décès du professeur Samba Kaputo ». On pense à un empoisonnement comme cela est devenu coutume depuis l'arrivée de l'Afdl, mais non, il s'agirait d'une mort par émotion ! Ceux qui connaîtraient la vérité sur la mort de Samba Kaputo et qui ont attendu près de deux ans pour parler, ne devraient-ils pas être poursuivis pour complicité ? Est-il sain, pour des raisons politiciennes, d'infliger de nouvelles tortures morales et psychologiques à la veuve, aux orphelins et à la grande famille du disparu ?

Troisième grief : « Il est au service des mobutistes, de Nkunda et des Fdlr ». On est en droit de se demander dans quel pays nous nous trouvons. Comment peut-on avoir un fils Mobutu comme Vice-Premier Ministre, deux anciens caciques du mobutisme à la tête du Sénat, plusieurs anciens mobutistes dans les rangs du gouvernement, de l'Assemblée Nationale et du Sénat, et tourner son regard vers Kamerhe pour expliquer une présence politique qui pèse ? Et s'agissant de l'équation Nkunda-Fdlr, il va de soi que l'attelage présente des contradictions telles que ceux qui le soutiennent devraient eux-mêmes se sentir gênés.

Quatrième grief : « Il a détourné les deux millions de dollars destinés à la campagne ». Voilà une accusation qu'il ne fallait pas (re)formuler car les députés ont aussi de la mémoire. Ils se souviennent qu'ils étaient au nombre de cinq cents candidats pour le compte du Pprd et qu'ils avaient reçu chacun six mille dollars soit un total de trois millions et non deux comme le soutenait l'accusation.

Cinquième grief : « Il est à la base du divorce de son 2me vice-président avec sa femme », un dossier que toute l'opinion a pourtant suivi et qui a été clos avec la lettre de l'intéressé lui-même demandant pardon au Président de l'Assemblée Nationale et à l'ensemble des députés. Et plus on avance dans les accusations, plus on tombe dans le loufoque et le tralala.

Le sens de l'honneur a foutu le camp et on tire parce qu'on veut tuer. Peu importe que la victime soit coupable ou innocente. Mais pourquoi vouloir justement tuer ? L'acte posé aujourd'hui à l'endroit d'un membre dont on n'arrive pas à démontrer honnêtement la culpabilité, ne laisse-t-il pas présager un avenir incertain pour des centaines d'autres ? Un vent de malaise gagne les rangs.

Les ADM (Armes de destruction massive) utilisées commencent à montrer leurs limites. Un membre du gouvernement parallèle s'énerve et pose la question de savoir comment l'AMP pouvait continuer à discuter d'un dossier considéré comme définitivement clos. Puis, il y va d'une ultime révélation : « Savez-vous que cet homme allait brûler le pays ? Savez-vous qu'il allait faire un discours incendiaire à la rentrée parlementaire ? ». Les gens se regardent et s'interrogent presque à haute voix. La faute lourde en cause paraît désormais être un délit de pensée. Kamerhe penserait à un discours incendiaire. On tombe des nues.

Visite chez Joseph Kabila La stratégie des coups portés en dessous de la ceinture finit par énerver la majorité silencieuse. Une proposition sort des rangs. « Pour mettre fin à la manipulation, il faut aborder la question avec le Chef de l'Etat lui-même ». Chose dite, chose faite. Une délégation s'est rendue dimanche à Goma pour rencontrer le Président de la République. Les choses sont allées tellement loin et les fractures sont si profondes que personne n'ose parier sur la normalisation de la situation. Mais la rencontre dont nous attendions la confirmation jusqu'au moment où nous mettions sous presse, aura au moins le mérite de clarifier la situation. Il ne s'agit plus de s'accrocher à une démission destinée à sauver les apparences, mais de cesser de marcher avec des yeux bandés.

Après Goma, on saura enfin qui a décidé de quoi, quand et pourquoi ? C'est le troisième acte. Mais au moment où on attendait la confirmation de la rencontre de Goma, les faucons ont décidé de prendre tout le monde de vitesse à Kinshasa en obligeant les députés qui avaient répondu présents à la réunion par eux convoquée de signer une déclaration désavouant Kamerhe et en leur donnant un ordre impératif de ne pas se présenter ce matin au Palais du peuple. Tout se déroule conformément à ce que Le Phare avait révélé dans son édition de jeudi.

La Constitution est foulée aux pieds au nom des intérêts particuliers. Le véritable enjeu La crise politique créée par l'AMP est manifestement une tentative d'étouffer la démocratie naissante au Congo. La volonté affichée de décider des affaires parlementaires en dehors du cadre défini par la constitution du pays, vise non seulement à sortir le Conseil législatif de son tombeau, mais surtout à transformer les députés en Commissaires du Peuple, juste bons pour jouer le rôle de caisse de résonnance des décisions prises ailleurs.

A ce niveau, une ultime question mérite d'être posée : les initiateurs de toutes ces stratégies funestes se sont-ils ne fût-ce qu'une seule fois posés la question de savoir si les Congolais qui ont payé de leur sang le retour de la démocratie dans leur pays sont prêts à les suivre ? Et que faire au cas où l'adhésion à la tentative d'instaurer un régime de pensée unique ne sera pas obtenue ? Attendons l'avenir.

2009-03-16

RDC: enlèvement à Kinshasa de trois militants des droits humains (ONG)

AFP

16 mar. 09 - 16h18

KINSHASA, 16 mars 2009 (AFP) - Une organisation de défense des droits de l'Homme en République démocratique du Congo a dénoncé "l'enlèvement" à Kinshasa par la police de trois activistes de droits humains, dans un communiqué transmis lundi à l'AFP.

"La Voix des Sans Voix pour les Droits de l'Homme (VSV) dénonce l'enlèvement dimanche de MM. Floribert Chebeya Bahizire, son directeur exécutif, Dolly Inefo Mbunga, directeur exécutif adjoint et Donat Tshikaya, chargé de réception au Réseau national des ONG des Droits de l'Homme en RDC (Renadhoc)", indique le texte.

L'ONG précise que l'enlèvement a eu lieu "dimanche par des éléments armés de la police et en civil à l'issue d'une conférence de presse tenue au siège du Renadhoc sur la crise inter-institutionnelle en RDC".

Selon VSV, la conférence concernait l'annonce d'une marche pacifique et d'un sit-in devant le Parlement à Kinshasa pour lundi afin de remettre un mémorandum aux présidents du Sénat, Léon Kengo, et de l'Assemblée nationale, (Vital Kamerhe, "pour la sauvegarde de la jeune démocratie congolaise".

L'ONG affirme également que trois étudiants qui diffusaient samedi soir à l'Université pédagogique nationale (UPN) des tracts appelant à la manifestation de lundi ont été arrêtés.

Les trois militants ont été enlevés dimanche "avec une brutalité sans précédent" par les policiers qui ont "neutralisé sous menaces d'armes plus d'une dizaine des militants des droits humains et des journalistes présents au siège du Renadhoc", poursuit le communiqué.

L'ONG déplore également la saisie du "matériel du Renadhoc dont les ordinateurs, des fournitures de bureau ainsi qu'une caméra de la chaîne privée Canal Congo emportés par les éléments armés de la police après avoir cassé la porte d'entrée du bureau du Renadhoc".

L'ONG exige la libération des militants arrêtés et la restitution des biens emportés.

Le chef de la police à Kinshasa, le général Jean de Dieu Oleko, contacté lundi par l'AFP, n'était pas disponible pour confirmer ces enlèvements.

http://www.monuc.org/news.aspx?newsID=20238



19/03/2009
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