Le Blog de Sacrebopol

COMBATS À KINSHASA

RDCongo/ Tirs à l'arme lourde à Kinshasa : la résidence de JP Bemba visée
mardi 22 août 2006

De la fumée s'élève de la résidence du vice-président congolais Jean-Pierre Bemba, le 21 août 2006 à Kinshasa  - 14.2 ko
De la fumée s'élève de la résidence du vice-président congolais Jean-Pierre Bemba, le 21 août 2006 à Kinshasa
 
Des tirs à l'arme lourde ont visé lundi la résidence à Kinshasa du vice-président congolais Jean-Pierre Bemba, entraînant la première intervention de la force européenne Eufor, au lendemain de la proclamation des résultats du 1er tour de l'élection présidentielle congolaise rapporte l'AFP.

Quatorze ambassadeurs membres du Comité international d'accompagnement de la transition (Ciat) dans l'ex-Zaïre, qui se trouvaient chez M. Bemba lorsque sa résidence a été la cible de tirs, ont été extraits de la villa et conduits par un convoi de blindés de la Mission de l'Onu en RDC (Monuc), appuyés par Eufor, jusqu'au siège de la Monuc.



Le vice-président Bemba n'a pas été évacué par les Casques bleus, a précisé un des porte-parole militaires de la Monuc, le major Hans Reichen.

"Il y a eu des tirs à l'arme lourde, probablement au canon, au lance-roquettes ou à la mitrailleuse lourde", a déclaré à l'AFP une source diplomatique, précisant que les ambassadeurs s'étaient "réfugiés dans la cave de la villa" située au bord du Congo.

Selon une source militaire occidentale, les tirs contre la résidence ont été effectués par des militaires de la garde républicaine (garde présidentielle).

Les ambassadeurs, dont ceux des Etats-Unis, de France, de Grande-Bretagne, d'Afrique du Sud, de Belgique et d'Angola, étaient en réunion avec M. Bemba au moment des tirs "afin de chercher une solution pour décrisper la situation" après des tirs nourris qui ont fait au moins cinq morts dimanche soir à Kinshasa, selon Jean-Tobie Okala, porte-parole adjoint de la Monuc.

L'opération d'extraction des diplomates a donné lieu à la première intervention d'Eufor sur le sol congolais.

La force européenne a déployé une compagnie d'intervention rapide de la légion espagnole, avec 150 hommes et une dizaine de blindés, pour "sécuriser l'opération et contribuer au retour au calme", a déclaré à l'AFP le lieutenant-colonel Thierry Fusalba, porte-parole de la force.

"Les tirs ont cessé, puis il y a eu un retrait progressif des deux parties, avec le départ des chars de l'armée congolaise, ce qui a fait baisser la pression", a-t-il ajouté.

Eufor, qui dispose d'un millier d'hommes à Kinshasa et autant en réserve au Gabon, est une force militaire européenne à vocation essentiellement dissuasive qui ne devait intervenir qu'en cas de "troubles graves" et de dérapage du processus électoral en RDC.

"Nous allons rester en position encore un peu pour voir comment les choses évoluent", a précisé le porte-parole d'Eufor.

De son côté, la Monuc a prévu de maintenir un dispositif de sécurité renforcé dans la capitale et notamment aux abords de la villa de M. Bemba.

Les résultats provisoires du premier tour de la présidentielle du 30 juillet, publiés dimanche par la Commission électorale indépendante (CEI), placent le chef de l'Etat sortant en tête avec 44,8% des suffrages, devant l'ex-rebelle Bemba (20%), qui s'opposeront donc dans un second tour le 29 octobre.

 
Des soldats de la Monuc passent devant des gardes du président congolais sortant Joseph Kabila, le 21 août 2006 à Kinshasa  - 18.8 ko
Des soldats de la Monuc passent devant des gardes du président congolais sortant Joseph Kabila, le 21 août 2006 à Kinshasa
Le taux de participation à ce premier scrutin libre et pluraliste depuis plus de 40 ans dans l'ex-Zaïre, et qui doit mettre un terme à la fragile transition politique amorcée en 2003 en RDC après une guerre régionale de près de cinq ans, a dépassé les 70%.

Les résultats de la CEI doivent encore être validés par la Cour suprême de justice.

Des affrontements à l'arme automatique, qui ont opposé des militaires fidèles aux deux vainqueurs du premier tour, avaient éclaté dimanche soir dans les rues de la capitale, peu avant la proclamation de ces résultats, faisant au moins cinq morts et une dizaine de blessés, selon un bilan provisoire.

Lundi après-midi, "ce sont des militaires de la garde républicaine (garde présidentielle)" qui ont tiré sur la résidence de M. Bemba, a affirmé à l'AFP une source militaire occidentale.

Un proche de M. Bemba a accusé, sous couvert d'anonymat, le camp Kabila de chercher à déstabiliser les institutions. "Nous allons au second tour. Nous n'avons aucun intérêt au désordre. Et nous ne lancerions sûrement pas une attaque contre des diplomates", a-t-il ajouté.

Le ministre congolais de l'Information Henri Mova Sakanyi, proche du président Kabila, a quant à lui accusé les partisans de M. Bemba d'être à l'origine des violences.

"Pour rétablir l'ordre, les services (de sécurité) ont dû entrer en action en répliquant à tous les actes de provocation que beaucoup de diplomates ont vécus par eux-mêmes", a affirmé M. Mova.

Le vice-président Bemba ne s'était pas encore exprimé lundi soir, ayant renoncé à une première déclaration la veille en raison de l'insécurité dans la capitale.

De son côté, M. Kabila a remercié dès l'annonce des résultats les "électeurs qui l'ont placé "en première position" et invité les Congolais à "rester sereins et à attendre dans le calme" la proclamation des résultats définitifs, affirmant sa "détermination à poursuivre le processus électoral jusqu'à son terme".

 

Les Kinois ont été réveillés ce matin par des tirs à l' arme lourde après l'attaque hier de l'une des résidences de Jean-Pierre Bemba qualifié pour le deuxième tour de l'élection présidentielle où celui-ci recevait les 14 ambassadeurs des pays membres du CIAT. La garde présidentielle aurait mis le feu aux poudres. La MONUC et l'EUROR ont dû intervenir pour exfiltrer les diplomates.

Déjà hier, rappelle-t-on, la tension était extrême après l'annonce dimanche des résultats de l'élection présidentielle qui ont propulsé vers un second tour incertain le président sortant Joseph Kabila et son vice-Président Jean-Pierre Bemba. Alors que des incidents, la veille, avaient déjà endeuillé la capitale , des tirs à l'arme lourde ont été entendus, lundi après-midi, aux alentours d'une des résidences du second.



L'ancien chef rebelle, chef du Mouvement pour la libération du Congo (MLC), y recevait les ambassadeurs des pays membres du Comité international d'accompagnement de la transition (CIAT), dont celui de Belgique, Johan Swinnen, ainsi que le chef de la Mission des Nations unies au Congo (Monuc), le diplomate américain William Swing. Ils se sont réfugiés dans la cave de la villa avant d'être secourus par des Casques bleus uruguayens. L'hélicoptère privé de Bemba a été détruit .

Un peu auparavant, des témoins avaient noté la progression vers le centre de Kinshasa de chars et de véhicules de la Garde présidentielle. C'est cette force prétorienne du président Kabila qui serait à l'origine des combats à l'arme lourde avec des partisans, eux aussi armés, de Jean-Pierre Bemba. Des informations non confirmées faisaient état de blessés. Les affrontements, commencés vers 15h (16h, heure de Bruxelles), se poursuivaient en soirée non dans le quartier de Gombe, lieu de la résidence du vice-Président, mais dans d'autres secteurs de Kinshasa. Ils ont nécessité la première véritable intervention de la Force européenne (Eufor). Une dizaine de blindés de celle-ci (soit la compagnie d'intervention rapide mise à disposition par l'Espagne) s'est déployée dans le cadre d'une opération conjointe avec la Monuc qui a dépêché vingt blindés et quelque 150 casques bleus. « L'Eufor compte envoyer un signal fort et clair pour que cessent ces troubles », a expliqué, à l'agence France-presse, le porte-parole de l'Eufor, le lieutenant-colonel Thierry Fusalba. D'après une source onusienne, l'opération visait prioritairement à « exfiltrer » de la résidence les ambassadeurs du CIAT.

La situation a en tout cas été jugée suffisamment critique pour que le Premier ministre belge Guy Verhofstadt téléphone en personne au président Joseph Kabila pour l'appeler au calme. Une démarche similaire était prévue auprès de Jean-Pierre Bemba. Dans l'attente d'explications précises sur l'origine des heurts, on se perdait en conjectures, lundi soir, sur les motivations du chef de l'Etat, sorti vainqueur du premier tour du scrutin, à entretenir la tension à Kinshasa.© Avec La Libre Belgique et les agences




19/09/2006
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