Le Blog de Sacrebopol

J.P. Bemba : La libération devient possible

 

Il est étonnant de constater que le journal l'AVENIR puisse parler en bien du sénateur Bemba lorsqu'on sait que le GROUPE AVENIR est une caisse de résonance du Pouvoir en place à Kinshasa.

Voudrait-il nous préparer à l'avance de ce qui nous attend le 24 juin prochain dans la mesure ou Mr Bemba serait éventuellement libéré?

mercredi 27 mai 2009

J.P. Bemba : La libération devient possible

*L’opposition parlementaire, l’opposition extraparlementaire, la coalition au pouvoir, tout le monde a à craindre le retour de JP Bemba pour des raisons évidentes. *Au niveau de la Haye, JP Bemba a remporté la première victoire en obtenant la requalification des charges. *Le fait que le leader du Mlc ne soit plus considéré comme criminel, mais ne pourrait être jugé que comme responsable d’un groupe qui a commis des crimes, peut changer l’attitude des juges et rendre la libération possible

Au moment où une certaine opinion est en passe de jeter sur lui le voile de l’oubli, JP Bemba leader du Mlc manque à son parti politique et à toute l’opposition. Il sera bientôt deux ans depuis que Jean-Pierre Bemba est écroué à la Haye. La dernière audience avait porté sur la requalification des charges. Le leader du Mlc était accusé des actes que ses hommes avaient commis en République Centrafricaine. Pour rappel, alors que le Mlc occupait le nord de la province de l’Equateur, ses hommes sont allés secourir le président centrafricain, Ange Félix Patassé en proie à une rébellion interne. Répondant à l’appel des autorités centrafricaines, les rebelles du Mlc sont intervenus deux fois en Centrafrique. Au cours de ces interventions, ils se sont illustrés par des actes dignes de crimes contre l’humanité.

Des crimes réels, responsabilité à déterminer

Si jusqu’à présent personne, à commencer par le Mlc, ne nie ces actes, on ne se met pas d’accord sur l’origine des ordres donnés pour que soient commis ces actes. C’est cela le problème. Pour le procureur, c’est Jean-Pierre qui donnait des ordres par conséquent, c’est lui qui devrait répondre de ces actes. Cette accusation est un peu fantaisiste lorsqu’on sait qu’un soldat au front n’est pas sous les ordres permanents d’un chef absent . Lorsqu’il s’agit du crime comme le viol, on ne voit pas un soldat attendre que son chef, surtout qui n’est pas au front avec lui, ordonne avant qu’il consomme l’acte. Il était normal que telle accusation contre le leader du Mlc ne pouvait ni tenir ni convaincre. Et les juges de la Cpi ne sont pas passés à côté.

Jean-Pierre Bemba a donc remporté une première victoire très significative dans la mesure où le procureur a été obligé de requalifier les charges portées contre le leader du Mlc. Cette fois, il serait poursuivi comme responsable du groupe, c’est-à-dire du Mlc et non comme co-auteur des crimes commis par ses hommes. Beaucoup de choses changent. La première c’est que le leader du Mlc se débarrasse de l’image qui lui avait été collée, celle d’un criminel.

Une nouvelle image, nouvelles attitudes

Dans une certaine opinion, essentiellement occidentale, c’est cette image qui avait provoqué, presque un dédain contre Jean-Pierre Bemba. Même si son parti politique n’a pas beaucoup fait pour vulgariser ce changement d’image, le fait est remarquable. Le Mlc peut se trouver une excuse dès le moment où, au niveau intérieur, son leader n’a pas vraiment souffert de cette image de criminel.

Il reviendra au procureur de démontrer qu’en tant que chef du groupe, J.P. Bemba serait lié de loin ou de près aux crimes commis par ses soldats. Il faut reconnaître que la tâche ne sera pas facile pour le procureur dès le moment où les juges font preuve d’une réelle d’indépendance. Après la requalification des charges, les juges auront devant eux non plus « un dangereux criminel », mais un homme victime des égarements de ses hommes. Leur attitude sera différente. Tout peut donc arriver, pourquoi pas aussi la libération ?

Selon l’avocat de JP Bemba, le procureur n’a pas suffisamment de preuves contre leur client. Par contre, les avocats eux, auraient apporté beaucoup de preuve de l’innocence de leur client. A la prochaine comparution, les juges devront se prononcer sur ces charges portées contre le leader du Mlc. Ou ces charges seront suffisantes pour qu’il y ait procès, ou elles ne seront pas suffisantes et le procureur sera envoyé à refaire l’enquête en vue de réunir d’autres charges, soit enfin, il sera demandé de libérer le prévenu. C’est pour toutes ces raisons que dans les rangs des sympathisants de JP Bemba on ne s’empêche pas de chanter victoire.

Si JP Bemba était libéré ?

La libération de JP Bemba, quoi que l’on puisse dire, changera beaucoup de choses dans le monde politique congolais. Pour l’opposition, le Mlc particulièrement ne sait pas par quel bout reprendre les activités politiques après l’arrestation de son leader. On a de plus en plus l’impression que le Mlc se réduit en un parti des salles et des conférences de presse. Ces actions de maintien ne sont pas de nature à rassurer et surtout à faire de nouveaux adhérents. Dans certains coins du pays, comme dans le Bas-Congo, le Mlc a reculé. Il n’y a que le retour de JP Bemba pour redonner vie à ce parti politique.

Au niveau de l’opposition parlementaire, l’absence de JP Bemba l’a presque paralysée à tel point que cette opposition est incapable de s’organiser en vue de se donner un porte-parole conformément à la Constitution et à la loi portant statut de l’opposition. Le retour de JP Bemba aurait pour conséquence, la révision à la baisse des ambitions de certains ténors de cette opposition qui lorgnaient le poste de porte-parole de l’opposition.

Pour l’opposition extraparlementaire, l’éventuelle libération de JP Bemba ne serait pas non plus sans conséquences. Certains membres de cette opposition ne sont visibles que sur le petit écran. Cela traduit l’incapacité de cette opposition de garder un contact chaud avec la population. Malgré l’approche des élections locales, cette opposition ne semble pas comprendre les vrais enjeux. On pensait que cette opposition serait sortie de sa léthargie avec le congrès controversé de l’Udps. Malheureusement, plusieurs semaines après ce congrès, l’Udps est retombé dans l’immobilisme. A ce jour, on se demande ce qui va réveiller l’Udps si le congrès n’a pas suffi à revivifier cette formation politique. Pour nombre d’observateurs, la situation post-congrès de l’Udps n’étonne nullement. Car, ce parti politique avait déjà fait de la tenue de congrès un défi à relever, une finalité de son action politique. Apparemment, un congrès qui s’était tenu sans autocritique sincère, ne pouvait pas préparer l’après congrès. L’Udps se croit à tort être ce qu’il a toujours été au point de promettre la misère à tous ses concurrents aux prochaines élections locales. Telles incantations sont nulles en politique. Si JP Bemba revenait, la situation de l’Udps ne pourra que davantage devenir inquiétante.

La majorité n’a-t-elle rien à craindre ?

Au moment où la majorité a la bouche pleine et ne sait pas parler et se faire entendre, une éventuelle libération de JP Bemba va pousser cette majorité à vouloir parler avec la bouche pleine. Il y a un vrai risque de ne pas être audible. Les partis membres de la majorité semblent dans l’expectative. Ils ont pour le grand nombre déplacé leurs sièges vers les cabinets ministériels. Après la bataille pour des postes, certains militants de certains partis politiques de la majorité se posent la question de savoir pourquoi continuer à se battre lorsqu’on ne peut pas goûter au fruit de la première victoire. On ne sent pas ce travail de sensibilisation pour donner aux militants qui ne se sont pas retrouvés dans le pouvoir actuel d’autres raisons d’espérer. Devant cette expectative, si JP Bemba est libéré, la majorité risquera de se retrouver à la défensive, par conséquent en mauvaise posture. Il suffirait que le Mlc requinqué par le retour de son leader accuse le pouvoir de tous les péchés d’Israël pour que la majorité soit mise en mal. Il y a un temps pour jouir, il y a un temps pour la lutte. Et il n’y a pas de lunette sans sacrifices. La majorité doit tenir compte du fait que beaucoup de partis membres sont en difficulté avec leur base.

Aujourd’hui, avec une opposition faible, la majorité a toutes les raisons de jouir des avantages du pouvoir et de dormir profondément comme des loirs sur leurs lauriers. Il faut craindre un changement brusque de la donne politique. Un bon parti politique est celui qui se tient prêt à toutes éventualités. En clair, un bon parti politique est celui qui sait garder ses militants en éveil. Les partis de la majorité ont perdu cette vertu. Ils ne semblent plus mobiliser que ceux qui jouissent des avantages du pouvoir, directement ou indirectement.

Joachim Diana G.

http://www.groupelavenir.cd/spip.php?article25323

 



27/05/2009
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