Le Blog de Sacrebopol

Le pardon

De prime abord, je remercie toutes celles et tous ceux qui ont voulu prendre part à cette réflexion. Dans l'impossibilité d'écrire à chacune et à chacun, j'ai résolu de mettre ce posting dans mon journal et celle ou celui qui voudra émettre un commentaire pourra le faire à sa guise.

 

Je ne prétends pas avoir le monopole de la vérité dans ce sujet, j'ai essayé tout simplement de récolter des informations par-ci et par-là pour les rassembler.

 

À la question posée sur le pardon et suite aux nombreuses correspondances que j'ai reçues, il s'avère qu'il faille toujours pardonner. Mas je me pose toujours la question sur l'évidence même du pardon. Pouvons-nous pardonner aussi facilement que nous le disons? Vous auriez sans doute compris, je parlais de la société en général. Moi, toi, lui, il ou elle, nous, notre système judiciaire, notre religion, etc…

 

Pardonner c'est :

absoudre, excuser, admettre, tolérer, oublier, passer, réhabiliter, acquitter, effacer, abolir, remettre

 

Le pardon est vieux comme le monde. Nous avons vu Dieu punir le monde à chaque manquement. Il punissait impitoyablement. Souvenez-vous comment Il a chassé Adam et Ève du Paradis, la destruction de Sodome et de Gomorrhe, etc…

 

Comme le monde était trop injuste, et voulant encadrer son peuple, Hammourabi, roi de Babylone instaura un code de conduite dit : « Code d'Hammourabi ».  

Le Code d'Hammourabi est l'une des plus anciennes lois écrites trouvées. Il fut réalisé sur l'initiative du roi de Babylone, Hammourabi, vers 1730 avant Jésus Christ.

Ce texte ne répond pas à l'acception légaliste du droit (Code civil français), mais correspond plutôt au droit jurisprudentiel (Common law) : il recense, sous une forme impersonnelle, les décisions de justice du roi.

L'utilité du Code d'Hammourabi est de fournir des exemples de la sagesse du roi, servant aux générations à venir.

Le texte débute par une introduction qui, dans la plus grande tradition des inscriptions royales mésopotamiennes, détaille les hauts faits du roi Hammourabi, ses grandes qualités, et les motivations qui l'ont fait graver ses décisions de justice sur cette stèle : 

"Faire en sorte que le fort n'opprime pas le faible". 

Le code d'Hammourabi applique la « loi du Talion » propre aux sémites occidentaux, en punissant de mort des délits jusque là justifiables de simples compensations  (http://www.micheline.ca/doc--1730-hammourabi.htm)

La loi du talion : (pour éviter les excès)

Le mot « talion » vient du latin talis qui signifie « tel », « pareil », « de ce genre ». Ce mot introduit donc la similitude entre deux éléments comparés. Pour limiter les excès de vengeance, le roi de Babylone, Hammourabi (1793-1750 av. J.C.), instaurera un code qui permit de mettre « la droiture et la justice dans la bouche du pays » en empêchant de punir quelqu'un au delà de son offense. À chaque litige correspondait donc une punition similaire de même nature. Le roi fit graver sur une stèle de pierre noire de plus de 2 mètres de hauteur, l'ensemble des lois qui devait ainsi régir son royaume. Ces lois étaient réparties en 7 colonnes et comprenaient à l'origine 282 paragraphes. Une partie de celles-ci furent cependant ultérieurement effacée au bas de la stèle. Découverte au tout début du XXe siècle, elle est aujourd'hui au Musée du Louvre.

Ce même principe de jurisprudence se retrouve aussi dans la loi romaine des douze Tables (450 av. J.C.) ainsi que dans le judaïsme. Il fait donc partie de nos Écritures. On peut lire, par exemple : « Vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent » (Lv 24,20; voir aussi Ex 21,23-25, Dt 19,21) mais on ne pense pas, sauf dans le cas d'un meurtre, que cette loi fut appliquée à la lettre. On cherchait plutôt, dans le judaïsme, à offrir à l'offensé une compensation financière pour le préjudice subi.

C'est seulement à l'avènement de Jésus-Christ que les choses changeront définitivement. Dans le christianisme, le sermon sur la montagne (Mt 5, 38-42),  au lieu de rendre le mal pour le mal, Jésus invite plutôt la personne à ne pas riposter, à ne pas entrer dans la spirale de la violence en agissant de telle sorte que l'adversaire se retrouve plutôt en face de lui-même. Jésus va donc au delà du code d'honneur qui prévalait à son époque puisqu'Il demande de rendre le bien pour le mal.

En réponse à Moïse qui, dans la loi, avait ordonné qu'on lapide une femme ayant commis l'adultère, Jésus dit : Va et ne pèche plus. (Jean 8, 1-11)

Pardonner, est-ce oublier ? Ou les aspects psychologiques du pardon.

Souvent l'on entend cette réflexion après un conflit: « C'est oublié, n'en parlons plus. » S'il s'agit d'une égratignure bénigne, on peut oublier, sinon la vie serait impossible si notre mémoire gardait le souvenir de tous les coups reçus - bien que ces blessures puissent être enfouies dans notre subconscient. Mais il y a des offenses qu'il est humainement impossible d'oublier. Pensons à certains règlements de comptes, aux crimes, sur de enfants en particulier, aux adultères, aux holocaustes, aux goulags, etc. L'expérience, confirmée d'ailleurs par les sciences humaines, nous dit que non seulement il est impossible d'oublier, mais qu'il ne faut pas oublier. Et l'évangile lui-même ne nous dit nulle part que pardonner, c'est oublier.

Dans un article intitulé « Car tout est grâce », le penseur protestant Jacques Ellul analyse clairement le danger de l'oubli : « La psychologie des 'profondeurs' et encore plus la psychanalyse nous rappellent que des blessures oubliées laissent des cicatrices physiques, psychiques, spirituelles, comportementales. L'oubli efface le ressentiment conscient, la colère et la volonté de vengeance, mais ce qui s'est passé n'est pas aboli. J'a été changé par cette offense et l'oubli le fait disparaître du champ de ma conscience et de ma volonté, non point dans le fond de ma personne Le pardon n'est donc jamais aisé, le pardon n'est pas bon marché et l'on bute sur sa propre faiblesse. 'Je ne peux pas'. »

Par ailleurs, dire « je te pardonne » à quelqu'un qui vous a gravement blessé peut être très ambigu, dans ce sens que l'on refoule la blessure parce qu'en réalité on est incapable de pardonner, mais ce verrouillage des sentiments risque un jour de causer de gros dégâts psychologiques. Ou bien, c'est en quelque sorte humilier l'offenseur en éprouvant à son égard une sorte de supériorité, de mépris ou d'irresponsabilité. « La condition du pardon, a dit Paul Ricœur, c'est la vraie mémoire libérée de la hantise. »

Et l'écrivain espagnol Jorge Semprun, qui a été interné au camp de Buchenwald, disait: « Oublier, non! Il faut se souvenir de tout pour pouvoir pardonner. Il faut que la mémoire soit très forte, très précise, si on veut pardonner vraiment » (cité dans La Vie du 6 avril 1995,'p. 63).

Et le philosophe Alain Finkielkraut, dans un dialogue avec Paul Ricœur estime « qu'il s'exerce constamment une concurrence déloyale entre le pardon et l'oubli. Pour pardonner une offense, il faut en conserver la mémoire. Mais l'oubli peut se faire passer pour le pardon. »

En fait, Dieu seul peut dire, selon Jérémie (31, 34): « Je vais pardonner leur crime et ne plus me souvenir de leur péché. ».

 

Dans les sciences humaines, selon certains psychologues, il y aurait 2 fois moins de monde en hôpital psychiatrique si les gens se savaient pardonnés. Le pardon, celui qu'on donne et celui qu'on reçoit, est au cœur de la santé mentale de l'homme.

 

Au Canada par exemple, les protestants ont proposé que, lors d'un procès en justice, l'offenseur rencontre la victime et qu'il y ait un échange entre eux jusqu'au moment où ils pourraient en arriver au pardon. Voici un exemple : un chauffard avait tué le fils d'une femme;  le pasteur a demandé au juge qu'avant la sentence soit organisée une rencontre entre le conducteur et cette dame endeuillée de son fils. La mère a accepté de voir le chauffard. Cela s'est fait de manière très graduelle, tout d'abord à travers des vidéocassettes et un jour, dans une même salle, cette mère de famille éplorée a rencontré le chauffard. Lorsque l'homme a compris la peine qu'il avait causée à cette femme, il a fondu en larmes. La mère a été prise de sympathie pour cet offenseur et elle a demandé qu'on réduise la sentence, ce qui a été accordé par le juge.

 

Imaginez ce qui arriverait si, dans notre système judiciaire, on arrivait à introduire le pardon. Punir seulement les personnes ne les guérit pas, ne les aide pas à se réhabiliter, ni ne les aide à revenir dans la société. Souvent les prisonniers à leur sortie du pénitencier sont ulcérés et prêts à récidiver.

 

Aux États-Unis, un groupe de chercheurs a découvert qu'une « éducation du pardon » pouvait aider des étudiants qui avaient manqué d'attention et d'amour de la part de leurs parents et qui en souffraient psychologiquement. La valeur de soi, l'espoir, augmentaient, alors que diminuait leur anxiété.

 

En Afrique du Sud, il y a eu une commission "Vérité et Réconciliation" devant laquelle environ 15.000 victimes se sont présentées devant leurs bourreaux pour parler des injustices et des tortures qu'elles avaient subies. Plus de 5.000 tortionnaires étaient présents. Ils ont admis leurs crimes et ont été amnistiés. C'est la première fois dans l'Histoire que le pardon a été établi à un niveau national. Il y a là quelque chose d'extraordinaire. C'était l'évêque Desmond Tutu qui était derrière cette initiative. Il est convaincu que si on ne se pardonne pas, on va se détruire mutuellement et c'en sera la fin de l'existence humaine.

 

Malgré la Commission Vérités et Réconciliations, l'Afrique du Sud n'est pas sortie du bois. C'est dans une de ses villes qu'on retrouve le plus de crimes au monde, avant même Chicago aux USA. Doit-on pardonner tous les crimes?

L'idéal serait, comme a dit une amie ici, que nous vivions dans un monde propre, mais peut-il réellement exister?

 

 

J'aimerais cependant ajouter des points de vue de certains philosophes :

 

-       Platon : Punir pour éduquer;

-       Aristote : Châtier sévèrement afin de les éliminer;

-       Sénèque : La colère est mauvaise conseillère;

-       Saint Thomas d'Aquin : Responsabilités pénale et morale;

-       Hobbes : L'ignorance de la loi n'est pas une excuse;

-       Montesquieu : Proteste contre la peine de mort.

 

Conclusion

Le pardon devrait être l'acte par excellence du chrétien, à cause de l'insistance avec laquelle le Christ en a parlé. Dans d'autres religions, on va parler de pardon, mais jamais avec un tel radicalisme. Lorsque Pierre a demandé à Jésus : "est-ce qu'on doit pardonner jusqu'à sept fois ?", Jésus ne dit pas sept fois mais soixante-dix fois sept fois (Évangile de Matthieu ch. 18 v. 21-22). Est-ce que ça veut dire qu'il faudrait calculer 490 fois ? Non. Jésus n'avait pas en vue une comptabilité précise. Par ce chiffre symbolique, il voulait nous inviter à développer une attitude de pardon continuelle, qu'on en arrive à ce que ce soit notre première réaction devant une blessure, une offense qui nous a été faite. (http://www.atoi2voir.com/atoi/visu_article.php?view=79/128/)

Pardonner, c'est éteindre la haine sans oublier l'injustice. Le pardon n'a de sens qu'en face d'une personne, d'un être responsable de ses actes.  Nous arrivons à cette conclusion que, là où la question du pardon n'est pas absurde, c'est-à-dire face à la personne humaine, refuser le pardon n'est pas justifiable. Ce serait en effet manquer de respect envers une personne, ce serait être à son tour injuste. L'injustice ne doit pas triompher. Et mieux vaut l'oubli, les crimes effacés que la haine entretenue.

Individuellement, et à mon avis, je pense que nous devrions vivre d'amour car : on n'insulte pas celui qu'on aime, on ne le blesse pas, on e le frappe pas, …

Pour ceux qui veulent tester le niveau de pardonner, qu'ils veuillent bien accéder au lien ci-dessous. Ne vous mentez pas, soyez francs avec vous-même et répondez sincèrement au questionnaire.

Oui, nous devons pardonner individuellement.

http://www.psychologies.com/tests-de-personnalite.cfm/test/552/Savez-vous-pardonner.html

 

Ainsi, dès l'ère de Jésus-Christ, nous devons faire nôtre :  Il vous a été dit…, mais moi je vous dis… (Mt.5,38-42)

 

 



18/02/2008
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