Le Blog de Sacrebopol

Procès Bemba : le témoignage du n° 38 mis en doute

http://lejalonducongo.unblog.fr/2010/11/26/proces-bemba-le-temoignage-du-n-38-mis-en-doute/

 

Procès de Jean-Pierre Bemba : un témoin raconte les crimes des «banyamulenge»

 

 

 

Jean-Pierre Bemba au premier jour de son procès à la Cour pénale internationale à La Haye, le 22 novembre 2010.

 

REUTERS/Michael Kooren

 

 

 

Par RFI

 

Ils avaient des bottes en caoutchouc et portaient un béret noir, violet ou rouge : le premier témoin au procès de Jean-Pierre Bemba a raconté mardi devant la Cour pénale internationale (CPI) l'arrivée au PK12, en Centrafrique, des « banyamulenge », la milice de l'ancien vice-président de la République démocratique du Congo en 2002.

 

 

 

 

Le témoin est invisible pour le public, installé derrière la vitre qui le sépare de la salle d’audience. Sur les écrans de télévision, l’image de ce témoin, référencé sous le numéro 38, est totalement floutée et sa voix est transformée. 

En ouvrant la séance, la présidence des juges met en garde les différentes parties pour que leurs questions ne puissent pas révéler son identité. Mais le témoin va lui-même oublier. Il lâchera dans une réponse, lors de l’interrogatoire de l’après-midi, qu’il est un notable habitant du PK12 de Bangui.

Toute l’après-midi, l’accusation a interrogé ce témoin sur l’arrivée des rebelles du MLC (Mouvement de libération du Congo) dans cette zone du PK12, où ils avaient installé leur QG entre octobre 2002 et mars 2003.

Piller et saccager les maisons, bastonner les gens et semer la terreur

Fatou Bensouda, l’adjoint du procureur pose des questions précises : « Comment saviez-vous que c’étaient des rebelles de Jean-Pierre Bemba ? ». « Nous connaissons l’uniforme de notre armée centrafricaine, la couleur des bérets, les rebelles portaient des bottes en caoutchouc, ils n’avaient pas la morphologie des centrafricains. Ils parlaient lingala, la langue du Congo, du Zaïre comme on dit encore chez nous à Bangui ».

Le témoin raconte comment les rebelles de Bemba surnommés des « banyamulenge », se sont installés au PK12, un carrefour très important. Il explique comment, dès le lendemain de leur arrivée, ils ont commencé à piller, à saccager les maisons, bastonner les gens et semer la terreur dans la population qui a rapidement fuit.

Jean-Pierre Bemba est apparu moins impassible

Le témoin est un des rares résidents à être resté, avec une poignée de jeunes et quelques plus âgés.

- « Avaient-ils beaucoup d’armes ? », questionne encore la procureur adjointe.

- « Oui des armes de guerre neuves »

- « Savez-vous d’où venait ces armes ? »

- « Je crois que les rebelles de Bemba les recevaient du gouvernement centrafricain »

Dans les rangs de la défense on esquisse des sourires…

Ce mardi 23 novembre 2010, Jean-Pierre Bemba est apparu moins impassible, plus concentré qu'au premier jour de son procès, petites lunettes rectangulaires, casque sur les oreilles, pour ne rien perdre de la traduction.

L’ex-chef rebelle et ancien vice-président congolais prend même quelques notes et échange beaucoup avec ses avocats. Des signes qui montrent que Jean-Pierre Bemba vient de rentrer probablement dans son procès.

http://www.rfi.fr/afrique/20101123-proces-jean-pierre-bemba-temoin-raconte-crimes-banyamulenge

Les accusations du témoin n°38 au procès de Jean-Pierre Bemba

 

Le banc des procureurs au procès de jean-Pierre Bemba à la Haye, le 22 novembre 2010.

REUTERS/Michael Kooren

Le procès de Jean-Pierre Bemba se poursuit devant la Cour pénale internationale à La Haye, avec l'audition du 1er témoin. L'homme, au visage dissimulé et à la voix transformée, est présenté sous le nom de témoin numéro 38. Depuis ce mardi, il raconte les exactions commises, en 2002 et 2003 en Centrafrique, par les hommes de Jean-Pierre Bemba.

Avec notre envoyée spéciale à La Haye, Ghislaine Dupont

Difficile, ce mercredi, de suivre l’audience, interrompue à de nombreuses reprises. Lorsque la présidente de la Cour déclare le huis-clos, les micros et les écrans se ferment. Du coup, lorsque la séance reprend, le sens des questions ou des réponses n’est pas toujours très compréhensible.

Pendant l’interrogatoire, l’accusation est revenue longuement sur les déclarations du témoin, pour lui faire préciser certains faits. La procureure adjointe s’est ensuite intéressée à la visite de Jean-Pierre Bemba au fameux PK 12 de Bangui où était installé le quartier général de ses troupes. Le témoin a raconté que l’ex-chef rebelle était venu parler à ses hommes mais qu’il n’avait pas voulu rencontrer la population qui manifestait bruyamment pour dénoncer les exactions subies quotidiennement.

- Y a-t-il eu un changement de comportement des rebelles après cette visite ? questionne la procureure Fatou Bensouda.
- Non, les exactions se sont poursuivies ; la population a continué à souffrir.
- Pendant combien de temps ont continué les viols ?
- Pendant tout le temps où les rebelles étaient là, jusqu’en mars 2003.

La procureure omet de demander au témoin où les hommes trouvaient les femmes si la population, comme il l’avait déclaré précédemment, avait dans sa grande majorité fui la zone.

- Savez-vous combien de témoins ont été tués ?
- Je ne sais pas. Le témoin réfléchit et compte : Moi, j’ai vu quatre corps.

La défense qui démarre ce jeudi le contre-interrogatoire va s’employer à mettre en doute la crédibilité du témoin n°38.

 


 

 

 

L'ancien vice-président de la République démocratique du Congo est accusé d'avoir laissé ses hommes mener une campagne de meurtres et de viols en République centrafricaine où ils étaient intervenus, à la demande du président d'alors, Ange-Félix Patassé.

 

Jean-Pierre Bemba, qui est poursuivi en tant que supérieur hiérarchique et donc responsable de ses troupes, plaide non coupable de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre.

http://www.rfi.fr/afrique/20101125-accusations-temoin-38-proces-jean-pierre-bemba

 

Procès Bemba : le témoignage du n° 38 mis en doute

Par RFI

A La Haye où se poursuit le procès de Jean-Perre Bemba , ancien vice-président de la République démocratique du Congo, la défense a entamé le 25 novembre le contre-interrogatoire du premier témoin dont l'identité est dissimulée. Les avocats ont trouvé des failles, en particulier concernant les dates d'exactions rapportées par celui qu’on présente comme le n°38.

Avec notre envoyée spéciale à La Haye, Ghislaine Dupont

La défense a mené le contre-interrogatoire du témoin en cherchant les failles, et elle en a trouvées. C’est le Britannique de l’équipe qui a d’abord pointé les contradictions sur les dates. Dans sa déposition en avril 2008, le témoin affirmait au bureau du procureur que les rebelles du général centrafricain Bozizé étaient entrés au PK 12 de Bangui le 25 décembre 2002.

A l’époque, le général dissident tentait de renverser le président Patassé. Mais ses troupes sont arrivées au PK 12 deux mois plus tôt, le 25 octobre, avant d’en être chassées par les hommes de Jean-Pierre Bemba. Le témoin dit aujourd’hui qu’il éprouve des difficultés avec les dates : « Pour ce qui est de l’explication des évènements je peux le faire mais avec des dates approximatives ».

 

 

« Mais tout de même », insiste l'avocat britannique, « le 25 décembre, pour un chrétien comme vous, c’est une date dont on se souvient ».

 

« Je suis chrétien-pentecôtiste, nous ne tenons pas tellement compte de cette fête du 25 décembre. Pour nous c’est une journée comme tout autre » répond le témoin.

Une affirmation qui est une contrevérité pour les pentecôtistes. L'avocat continue son travail de sape. Avant-hier, le témoin a dessiné un croquis très précis du PK12 pour situer les bases que la milice de Jean-Pierre Bemba avait reprises aux rebelles centrafricains. L’avocat demande au témoin de marquer, cette fois, où se trouvaient précédemment les bases de Bozizé.

« La rébellion de Bozizé … Ses élément étaient excessivement mobiles. Donc je suis dans l’impossibilité de vous situer exactement où ils étaient. Ils étaient partout. »

Durant tout l’interrogatoire la défense de l’ancien vice-président congolais a posé des questions beaucoup plus incisives et pointues que celles de l’accusation. Le témoin a été mis en difficulté, et son témoignage mis en doute. Pour sa première prestation, le 25 novembre, la défense a indéniablement marqué un point. 

 



26/11/2010
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 34 autres membres