Le Blog de Sacrebopol

ARRÊTONS DE NOUS AUTO-FLAGELLER

Congolais(es), lisons Charles Onana et arrêtons de nous auto-flageller

Le temps qui s’est écoulé entre l’assassinat de Lumumba, la mort de Mobutu et l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila semble éloigner plusieurs d’entre nous des vérités historiques toutes simples. Les médias dominants, « les médiamensonges » et « les médias amis » semblent réussir dans leur travail de sape de toute intelligence critique congolaise pour des raisons évidentes.

Propriétés « des hommes démocratiques » ayant troqué l’autonomie de la pensée, la quête de l’égalité, de la liberté et de la fraternité contre le matérialisme plat limité à la consommation des plaisirs médiocres, ces médias propagent la bonne nouvelle du conformisme sur les cendres de l’histoire réelle des peuples. Les esprits faibles en tombent victimes et sombrent dans l’auto-flagellation. Celle-ci profite aux falsificateurs de l’histoire ayant juré qu’ils n’auront plus rien d’autre que les intérêts matériels à protéger dans leur relation à autrui.

Plusieurs compatriotes Congolais sont tombés dans le piège de cette propagande mensongère. Fanatiques de l’Internet, ils versent dans l’injure facile disqualifiant les leurs décrits comme étant tous amoureux de la bière, de la femme et de la musique. Cette disqualification sert la propagande capitaliste et mine la confiance des maints Congolais en eux-mêmes au point de compromettre leur capacité de travailler en synergie pour relever l’un des grands défis de notre histoire commune : en connaître prioritairement « les acteurs pléniers » et leur modus operandi en vue de mener des actions concertées pour un autre Congo. Le dé-couragement risque de nous faire oublier que nous résistons contre notre disparition de la face de la terre depuis plus de cinq siècles ; qu’il y aura toujours chez nous des Lumumba, des Kasavubu, des Kimbangu, des Mulele, des Maï Maï, des Tshisekedi, ect. Jusqu’au jour où notre mère patrie sera dirigée nos dignes filles et fils.

Dans ce contexte où le moral de plusieurs d’entre nous tend vers son niveau le plus bas, il est important de lire Charles Onana : c’est une bonne nourriture spirituelle. (Nous le ferons avec vous sur plusieurs jours.)

Si nous sommes plusieurs Congolais à lire et à maîtriser le livre de Charles Onana, à reprendre la lecture de Crimes organisés en Afrique Centrale d’Honoré Ngbanda et Paix et Châtiment. Les guerres secrètes de la politique et de la justice internationales de Florence Hartmann, Guerre et droits de l’homme en République Démocratique du Congo. Regard du Groupe Justice et Libération de Jean-Pierre Badidike et ses amis, nous pouvons orienter autrement la réécriture de notre histoire, indispensable à nos luttes d’émancipation et d’autodétermination.

Cette réécriture de notre histoire doit se faire au quotidien. Elle doit être constamment revue et corrigée, en marge de ceux qui se moquent de nous en l’identifiant à un fantasme purement congolais.

Le livre de Charles Onana vient nous aider dans cette tâche. Sa préface devrait être lue par tout Congolais et toute Congolaise aimant son pays. Ce livre devrait être traduit en anglais et en nos quatre langues vernaculaires et gardé ad vitam aeternam dans nos bibliothèques pour les générations futures. Relisons cette préface. Elle est écrite par l’Ancienne sénatrice du parti démocrate et envoyée spéciale de Bill Clinton dans les Grands Lacs africains en 1997. Pour elle, la tragédie congolaise actuelle trahit l’échec de la politique des Etats-Unis et de leurs alliés occidentaux en Afrique Centrale.

Quel est le problème majeur du Congo ? Depuis quand date-t-il ? Faut-il vite tourner cette page ? Le livre fait allusion aux cinquante dernières années. Il ouvre une page que nous ne devons pas vite tourner.

Pour Cynthia McKinney, « depuis plus d’un demi-siècle, le peuple congolais souffre et subit toutes sortes d’agressions. Autrefois, c’était la colonisation belge qui prétendait lui apporter la « civilisation ». Aujourd’hui, ce sont les Etats-Unis qui prétendent l’aider à vivre en « démocratie ». Pour « civiliser » les Congolais, le roi Léopold II leur faisait couper les bras. Pour leur apporter « la démocratie », les Etats-Unis les laissent se faire massacrer. Derrière l’envie apparente d’apporter la « civilisation » et la « démocratie » aux Congolais, se cache le besoin récurrent de profiter des énormes richesses minières du Congo, richesses dont s’emparent des Belges et des Américains, tantôt discrètement tantôt ouvertement, depuis très longtemps. Ce sont toujours ces immenses richesses qui ont toujours attiré Européens et Américains au Congo et qui excitent tant leur convoitise et qu’ils en oublient les êtres humains qui peuplent ce pays. » (C. ONANA, Ces tueurs tutsi. Au coeur de la tragédie congolaise, Paris, Duboiris, 2009, p. 7)

Détruire les êtres humains et l’environnement au Congo ne signifie rien face aux profits fabuleux des multinationales occidentaux.

Cette destruction sauvage des vies humaines et de l’environnement réussit présentement grâce à la collaboration des « tueurs tutsi », Kagame en premier. Collaboration qu’il a du mal à démentir. Auteur de premier plan dans la tragédie des Grands Lacs, Kagame, dénoncé par Charles Onana comme initiateur du tir ayant abattu l’avion qui transportait Juvénal Habyarimana le 6 avril 1997, a renoncé au procès qu’il avait intenté contre lui.

Cette destruction sauvage des vies humaines et de l’environnement réussit, au coeur du Congo même, grâce à l’écrasement de toute velléité nationaliste par des chiens de garde interposés.

« Les acteurs pléniers », toujours les mêmes, tirent les ficelles dans l’ombre en comptant sur leurs « filleuls ».Hier, c’était Mobutu, aujourd’hui, c’est Joseph Kabila.

En effet, « en 1961, les Etats-Unis avaient décidé d’assassiner le leader nationaliste congolais Patrice Lumumba parce qu’ils ne voulaient pas que les Congolais contrôlent eux-mêmes leurs richesses. En 2001, écrit Cynthia McKinney, j’ai découvert que certains pays, dont les Etats-Unis et le Rwanda, ne supportaient plus Laurent-Désiré Kabila depuis qu’il avait pris la décision de se débarrasser des soldats rwandais qui occupaient son pays, en même temps qu’il changeait de partenaires miniers. » (p.9) Plus loin elle ajoute : « L’assassinat de Laurent-Désiré Kabila n’est pas non plus le résultat d’un hasard malencontreux. J’ai eu le temps de m’apercevoir que des réseaux politico-mafieux très puissants rodaient, comme des vautours, autour des richesses de la République Démocratique du Congo avant même sa prise de pouvoir en 1997 ; ils n’ont d’ailleurs toujours pas quitté les lieux… » (p.17)

Après la mort du « soldat du peuple », « Les Etats-Unis et certains pays européens continuent de surveiller de près les richesses du Congo et à fermer les yeux sur les massacres à grande échelle commis dans ce pays. Plus de 6 millions de Congolais sont morts depuis 1998, dont plus de la moitié tombée sous les balles des soldats du président rwandais Paul Kagame, notre homme à tout faire en Afrique Centrale. » (p.9) Contrairement à la politique d’autruche pratiquée par les Louis

Michel et compagnie, Cynthia McKinney et note : « A vrai dire, nous disposons de preuves suffisantes sur ce que fait le Rwanda dans cette région. Mais à ce jour, aucune sanction n’a été prise pour arrêter la guerre et le pillage des ressources naturelles en République Démocratique du Congo. » Cynthia ajoute : « Lorsque j’étais au Congrès, j’avais aidé le groupe d’experts des Nations Unies à rassembler une petite partie des preuves sur le pillage de RDC : au final, le Conseil de Sécurité n’a adopté aucune sanction à l’encontre des pilleurs. » (p.9) Pouvait-il en être autrement dans la mesure où ce sont les membres du Conseil de Sécurité et leurs clients qui pillent le Congo ?

Dans ce contexte, compter sur une force comme celle de la Monuc pour mettre fin à la guerre d’agression menée contre le Congo est une peine perdue. Il faut travailler urgemment au changement de la politique africaine et congolaise des Etats-Unis, de la Belgique et des autres pays occidentaux impliqués dans la destruction sauvage des vies humaines et de l’environnement chez nous.

Certains compatriotes proposent une action de lobbying impliquant Cynthia McKinney. (A suivre)

J.-P. Mbelu



09/05/2009
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