Camouflet pour l’autorité morale
Pour les prochaines élections , la Majorité Présidentielle avait décidé que tout candidat à l'élection présidentielle devrait débourser une bagatelle somme de 100.000 USD tandis que le candidat député se verait dépouiller de 5000 USD alors qu'en 2006, les montants demandés s'élèvaient respectivement à 50.000 et 250 USD.
La question qui se pose est celle de savoir si les autorités de Kinshasa veulent exclure l'intelligence au détriment de la médiocrité, donc de la fortune. En effet, peu d'individus ne peuvent totaliser les sommes demandées abusivement alors qu'elles ont toutes les compétences intellectuelles. Par contre, les nouveaux riches de la Kabilie peuvent facilement trouver les 100.000 ou 5000 USD, puisés à même le trésor public et distribués par l'autorité morale pour briguer telle ou telle autre candidature en vue de brouiller les cartes et perpétuer ainsi, le statu quo.
C'est dans cet ordre que lundi dernier (11 avril 2011), l'assemblée nationale a rejeté la proposition de loi TUNDA, pourtant député de la MP qui allait dans le sens de la surenchère.
Pris de panique, l'autorité morale a vite fait de convoquer tous les députés de la MP à la ferme de Kingaketi pour les sermonner et les inviter à beaucoup plus de solidarité.
Le mécontentement étant palpable, l'autorité morale aurait décidé de ramener les frais respectivement à 50.000 et 500 USD. Pourquoi, les frais de participation doivent-ils être décidés à la ferme de Kingaketi par l'autorité morale? Cette tâche ne revient-elle pas dans les prérogatives de la CENI? Lorsqu'on sait que la CENI est “un organe” de la Majorité Présidentielle (MP), on ne peut pas s'étonner de son mutisme.
Il est clair qu'on doive éliminer l'aspect pécuniaire au profit de la morale et de la compétence.
Voici ce que nous dit le Potentiel du 15 avril 2011:
Elections 2011-RD Congo - Le rejet en bloc, lundi 11 avril 2011, par la plénière de l'Assemblée nationale, de la proposition de loi électorale initiée par un député de la Majorité présidentielle (MP) aura été un véritable camouflet à l'endroit de l'autorité morale. Joseph Kabila y a vu le risque de blocage du processus électoral. Aussi, a-t-il convoqué en urgence jeudi une rencontre de la MP limitée aux députés nationaux afin de dissiper les malentendus et remettre les pendules à l'heure. Grippée, la machine électorale s'engageait déjà sur une pente raide. Cela au vu des discordances perçues non seulement entre les différentes parties au processus électoral mais encore au sein de celles-ci. C'est le cas de la Majorité présidentielle (MP) dont les frustrations accumulées sont apparues au grand jour lors de la plénière du lundi 11 avril 2011 à l'Assemblée nationale. Les fissures étaient visibles et il fallait vite colmater les brèches avant que l'édifice ne s'effondre.
Dans un élan commun, les députés nationaux, toutes tendances confondues ont rejeté la proposition de loi électorale initiée par l'honorable Tunda, pourtant un député de la MP.
Même si les raisons avancées pour rejeter le draft de leur collègue pouvaient tenir la route, il n'en était autant pour l'exécution du planning d'activités de la CENI. D'autant plus que toutes les parties avaient convenu que les élections se tiennent dans les délais constitutionnels.
Or, techniquement parlant, la CENI ne pourrait pas remplir sa mission si l'Assemblée nationale ne la dotait pas de tout l'arsenal juridique nécessaire avant la date du 30 avril 2011. Le camouflet infligé à leur autorité morale par les élus de la chambre basse a poussé Joseph Kabila à se remettre sur pied et reprendre les choses en main.
Jeudi, il a réuni tous les députés nationaux se réclamant de la MP. Le message qu'il leur a adressé a été un rappel à l'ordre. D'abord, par rapport à l'exigence temporelle concernant le travail de la CENI laquelle devra, selon le voeu de tous, organiser les scrutins dans les délais constitutionnels.
Joseph Kabila a rappelé à ses interlocuteurs les conséquences qui s'en suivraient si jamais les élections n'étaient pas tenues dans les temps impartis par la Constitution. « Ce serait un chaos pour notre jeune démocratie et personne ne serait en mesure d'en assumer la responsabilité », les a-t-il mis en garde.
Il leur a fait savoir que ce n'était ni une imposition ni une directive de la MP mais un appel à la prise de conscience et de responsabilité de chacun a fin de sauver le processus électoral.
Il est vrai qu'après le rejet de la proposition Tunda, le gouvernement avait pris soin de récupérer l'affaire. Il a élaboré un projet de loi portant modification de certaines dispositions de la loi électorale de 2006. Le texte aurait déjà été déposé au bureau de l'Assemblée nationale aux d'être distribué aux élus nationaux.
Il ressort d'indiscrétions obtenues, que certaines préoccupations soulevées par les élus du peuple lors de la plénière du 11 avril dernier pourraient être rencontrées dans le projet présenté par le gouvernement. Il s'agit notamment de la réduction de la caution à payer par les candidats aux différents scrutins.
Une autre préoccupation qui aurait calmé, voire rassuré les députés nationaux membres de la MP se trouve être le mode de scrutin proposé par le projet de loi électorale du gouvernement.
Les chiffres qui ont circulé et créé la panique seront revu à la baisse lors du débat en plénière. Par exemple, les candidats aux législatives nationales pourraient payer 500 USD au lieu de 5.000 USD qui avaient été mentionnés dans la proposition de loi Tunda.
Une unanimité se serait dégagée sur le mode proportionnel avec un seuil d'au moins 10 à 20 %. Contrairement au mode majoritaire proposé par le député Tunda, le mode proportionnel avec ce seuil minimal permettrait une visibilité de l'élection de chaque candidat présenté sur une liste de parti.
Au terme de l'échange, Joseph Kabila a appelé à une cohésion tous azimuts au sein de la MP afin d'aborder les élections en toute quiétude et avec plus de responsabilité. Le message a-t-il été entendu ? Wait and see.
Le Potentiel/15/04/2011
http://lejalonducongo.unblog.fr/2011/04/17/camouflet-pour-lautorite-morale/