"Vu la nécessité et l'urgence", le général Didier Etumba Longomba a été nommé chef d'état-major, en remplacement de Dieudonné Kayembe, selon une ordonnance du chef de l'Etat lue à la télévision nationale.
Le général Longomba, qui a servi dans les ex-Forces armées zaïroises (FAZ), est originaire de la province de l'Equateur (nord-ouest) et dirigeait jusqu'à présent la force navale.
Ce changement à la tête des armées intervient alors que l'armée congolaise a subi ces dernières semaines plusieurs défaites dans la province du Nord-Kivu face à la rébellion de Laurent Nkunda, qui est positionnée depuis fin octobre aux portes de Goma, la capitale provinciale.
Des soldats de l'armée régulière se sont en outre livrés à de nombreux pillages et exactions fin octobre à Goma et la semaine dernière dans la région de Kanyabayonga (100 km au nord de Goma).
Dimanche, la rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) avait enregistré un nouveau succès en s'emparant de plusieurs localités au sud-est de Kanyabayonga, dont le bourg de Rwindi.
La Mission de l'ONU en RDC (Monuc) a dénoncé ces attaques du CNDP comme "des violations du cessez-le-feu" alors que le même jour la rébellion réaffirmait, devant l'envoyé spécial de l'ONU Olusegun Obasanjo, respecter le cessez-le-feu qu'elle a décrété le 29 octobre.
De son côté, le CNDP a justifié son avancée par les "provocations" de l'armée régulière qui, en trois jours, aurait "multiplié les attaques sur le secteur" de Rwindi.
Lundi, ces "provocations" se seraient poursuivies à Vitshumbi, à une quinzaine de km au nord-est de Rwindi, selon le CDNP, mais la situation est restée calme toute la journée.
Le CNDP a assuré faire preuve "de retenue" et ne pas avoir "répondu aux tirs adverses, car il tient à respecter le cessez-le-feu afin de donner pour la énième fois une chance à la paix", au lendemain de la rencontre entre son chef Laurent Nkunda et M. Obasanjo.
A l'issue de l'entretien entre les deux hommes en zone rebelle, M. Nkunda avait affirmé vouloir négocier un cessez-le-feu avec le gouvernement. L'ancien président nigérian avait pour sa part annoncé être parvenu à un accord avec le chef du CNDP pour la création d'un comité tripartite de surveillance de la cessation des hostilités.
Aucun cessez-le-feu n'a encore été conclu entre armée et rebelles depuis la reprise des combats à grande échelle fin août dans la province du Nord-Kivu.
A Nairobi lundi, à l'issue de ses consultations en Angola, en RDC et au Rwanda, M. Obasanjo a assuré que l'ex-général Nkunda serait prêt à réintégrer l'armée congolaise en échange de garanties internationales.
Selon M. Obasanjo, le chef rebelle, qui a pris les armes notamment après l'échec de l'intégration de ses hommes au sein de l'armée congolaise, "discute" de nouveau "de l'intégration de ses soldats dans l'armée nationale".
Selon une note interne de la Monuc, Nkunda a plus précisément exposé huit principales revendications au médiateur de l'ONU, parmi lesquelles: des négociations directes avec le gouvernement, la neutralisation des rebelles hutus rwandais, la protection des minorités, l'intégration des combattants rebelles au sein de l'armée.
Il a également exigé la renégociation des contrats signés par Kinshasa avec la Chine, aujourd'hui l'un des principaux bailleurs de fonds de la RDC.
Curieuse coïncidence, dans son ordonnance lue lundi soir à la télévision, le président Kabila a ordonné la création de nouveaux organismes publics liés aux intérêts chinois: le Bureau de coordination et de suivi des accords entre la Chine et la RDC, et l'Agence congolaise pour les grands travaux.
Les Chinois investissent énormément en RDC, immense pays d'Afrique centrale qui regorge de ressources minières, où ils construisent des routes, des logements et des hôpitaux et sont très présents dans le secteur minier.