LE PEUPLE KONGO
Les Kongos (désignation ethnographique et internationale Bakongo, qui est le pluriel de Mukongo en kikongo) vivent sur la côte atlantique de l'Afrique, de Pointe-Noire au nord (République du Congo) à Luanda (Angola) au sud et jusque dans la province du Bandundu (République démocratique du Congo) à l'est. À la fin du XXe siècle, ils sont évalués à environ 10 000 000 individus. Ils parlent des divers dialectes du kikongo, et kituba, qui est un créole kikongo, simplifié et véhiculaire. En République démocratique du Congo, le kikongo a cédé beaucoup de terrain au lingala.
Les Bakongos migrèrent vers le IIIe siècle en provenance du sud, après une migration en spirale, sous la conduite de leurs dirigeants (Tuti Dia tiya, Kodi Puanga, etc.) et s’établirent près des berges d’un grand fleuve Nzadi ou (Zaïre en portugais). En 1482, les Portugais atteignirent les côtes sous la conduite de Diogo Cãole royaume Kongo était alors à son apogée grâce à la culture de l’igname, le traitement du fer et l’échange de houes contre de l'ivoire avec les peuples de l’intérieur. Les Kongo établirent des relations diplomatiques, qui prévoyaient également l'envoi d'une délégation à la cour royale du Portugal en 1485. Les relations d’abord égalitaires se transformèrent en une mainmise des Portugais. Les dirigeant kongo furent rapidement convertis au christianisme par les missionnaires européens. De plus, certains voulurent importer les mœurs et rites portugais, ce qui déplut à la plus grande partie du peuple. Qui plus est, vers 1452, un prophète, Ne-Buela Muanda, prédit l'arrivée des portugais et la mise en esclavage physique et spirituel de beaucoup de Kongo.
Il en résulta des tensions entre adeptes du Christianisme et les adeptes des religions kongo. En 1526, les Portugais furent expulsés, mais ils s'allièrent contre les Kongo à des chefs militaires kongo rebelles de la province de Yaka : Jagas (Bayaka) en 1568. Le Royaume kongo ne retrouva jamais sa grandeur passée. Les années suivantes virent les Kongos se battant alternativement contre et avec les Portugais, les Néerlandais et les Espagnols pour finalement être colonisés en 1885. Le parti politique kongo, l'Alliance des Bakongo (ABAKO), après les communautés kimbanguiste et Bundi dia Kongo joua un rôle important dans l'indépendance de la République démocratique du Congo en 1960.
Le royaume levait des taxes, établit le travail obligatoire de ses citoyens pour financer sa stabilité sociale. En effet, la prise en charge de la frange la moins favorisée de la société était le devoir principal du roi. Le roi pouvait être un homme comme une femme. Quand c'était un roi, son épouse était la première dame du pays, et pouvait choisir et répudier son mari, le destituer, lever l'armée etc.
Les jours de travail étaient réglementés, de sorte qu'un jour de repos tous les sept jours était accordé à chaque personne, mais par roulement selon les provinces et les clans. La semaine Kongo est constituée de quatre jours, le mois de 28, et on compte quatre jours de repos par mois (1 tous les 7 jours). Contrairement à nombre de sociétés non-africaines de la même époque, le système social est plus favorable aux moins nantis, dans la mesure où : les propriétaires de terrains, les employeurs et toute la classe aisée devaient prendre en charge les plus démunis, sous peine de déshonneur. Par exemple, il était obligatoire qu'un employeur fasse travailler ses employés le matin et leur laisse l'après-midi pour produire pour leur famille et leur bien personnel. Tout manquement pouvant s'accompagner de discrédit social. Quant au roi, il était le responsable de toutes ces franges de la société. Il était élu par un groupe de gouverneurs, habituellement des chefs de parties importantes et par la suite par les officiels portugais. Les villes étaient généralement dirigées par des chefs de village, devant qui ils étaient responsables. Tous les membres du gouvernement étaient investis dans leurs fonctions sous des conditions de compétence, de respect des mœurs et avec l'aval des autorités spirituelles.
Culture
La religion Kongo considère le monde comme multidimensionnel. Le monde matériel et le monde spirituel sont deux espaces qui se croisent en certains points de l'univers. Les humains sont cantonnés en dimensions inférieures (3) ou avancées (hauts prêtres, etc... : 4 et plus). Les esprits évoluent dans une sous-partie de cet univers d'au-moins 8 dimensions. Dans le monde des esprits se trouve la cité des ancêtres : Mpemba. Au-delà de ces mondes, se trouve Kalunga Nzambi ya Mpungu Tulendu. Les ancêtres font office d'intermédiaires entre le divin et l'homme. Le divin est perçu comme la Cause primaire de toute chose, l'essence vitale de toute chose ainsi que la destination finale de toute chose. C'est ainsi que Kalunga est à la fois le lieu où se dirigent les esprits, dont ils sont issus et Dieu Lui-même (Nzambe), source de ces esprits. Kalunga est aussi la mer primitive dont tout est sorti, l'auto-créé, le Ka qui règne sur toute chose (ka : essence vitale; lunga : accomplir, concrétiser et régner).
La spiritualité est aussi à la base de l'organisation politique et sociale.
L'intersection entre les deux mondes a une forme de croix, d'où l'importance de ce symbole dans la pensée Kongo. De plus, le personnage de Ne-Kongo (dont vient le nom Kongo) est supposé être cette intersection de Kalunga avec le monde humain, donc un être divin sous forme humaine, symbolisé aussi par la croix. Ce sont ces similitudes avec le christianisme qui en ont facilité l'infiltration.
La descendance est matrilinéaire, et l'ensemble du peuple Kongo est regroupé autour de 11 clans, que l'on retrouve aussi dans les dénominations de nombreux peuples d'Afrique noire (ex.: les Mbenza chez les Sérères, Wolofs, etc. ; ou encore les Muyabis, descendants de Nzinga, chez les Duala, Mossi, etc.).
Statue de pierre (région de Boma) |
Poignée de chasse-mouche en ivoire |
Agriculture
Les Kongo cultivent le manioc, la banane, le maïs, la patate douce, l'arachide, les fèves, et le taro. Les sources de revenu sont le café, le cacao, la banane, et l'huile de palme. La pèche et la chasse sont toujours pratiquées dans certaines campagnes, mais beaucoup de Kongo vivent, travaillent et commercent dans les villes.