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LES ÉVÊQUES CATHOLIQUES ACCUSENT:

Les Evêques catholiques accusent : « génocide silencieux en RDC »
Par  Le Potentiel
Devant la menace qui pèse sur notre pays, la Conférence épiscopale nationale du Congo, CENCO, vient une fois de plus, d’élever la voix pour condamner le complot contre la RDC. Mais de dénoncer surtout un « génocide silencieux » face à des massacres contre les populations congolaises. Un véritable cri de détresse que les Evêques catholiques viennent de lancer. Cri de détresse doublé de protestation face à cette tragédie qui se déroule dans l’Est de la République démocratique du Congo. 
Qui aurait intérêt devant un tel drame, s’interrogent les Evêques catholiques ? Avant de répondre à cette interrogation, ils relèvent que ce drame se passe sous l’œil indifférent ou passif, c’est selon, des troupes de maintien de la paix de l’Onu. Bien plus, nos propres gouvernants se montrent impuissants devant cette tragédie humaine. 
Aussi, les Evêques condamnent-ils ces crimes contre l’humanité et appellent à la cessation immédiate des combats tout en spécifiant que le nerf de la guerre est l’exploitation illégale des ressources naturelles congolaise et la balkanisation de la RDC, sont causes principales de ce génocide. En attendant, ils font remarquer la RDC est inconsolable. 
La RD Congo pleure ses enfants, elle est inconsolable
(cf. Mt2, 18)
Déclaration du Comité permanent des évêques sur la guerre dans l’Est et dans le Nord-Est de la RD Congo 
1. Nous, Archevêques et Evêques, membres du Comité permanent de la Conférence Episcopale Nationale du Congo, réunis à Kinshasa, en session extraordinaire du 10 au 13 novembre 2008, affligés et bouleversés par la tragédie humaine dans l’Est et dans le Nord-Est de la RD Congo, lançons un cri de détresse et de protestation. En effet, juste un mois vient de s’écouler depuis que notre Conférence Episcopale Nationale du Congo, par son Président, a fait une déclaration en rapport avec la reprise des hostilités dans l’Est et dans le Nord-Est de la RD Congo . Malgré nos appels pathétiques aussi bien à nos gouvernants qu’à la Communauté internationale, hélas ! la situation dans cette partie de notre pays n’a fait qu’empirer. Elle vient d’atteindre des proportions insupportables, très inquiétantes et susceptibles de déstabiliser toute la sous-région si on n’y prend garde. Oui, aujourd’hui, comme le dit l’Ecriture : une voix en RD Congo s’est fait entendre, des pleurs et une longue plainte ; c’est Goma, Kiwanja, Dungu…, c’est la nation tout entière qui pleure ses enfants et ne veut pas être consolée, car ils ne sont plus (cf. Mt 2, 18). 
GENOCIDE SILENCIEUX ? 
2. Un vrai drame humanitaire qui s’apparente à un génocide silencieux dans l’Est de la RD Congo se déroule sous les yeux de tous. Les massacres gratuits et à grande échelle des populations civiles, l’extermination ciblée des jeunes, les viols systématiques perpétrés comme arme de guerre : de nouveau une cruauté d’une exceptionnelle virulence est en train de se déchaîner contre les populations locales qui n’ont jamais exigé autre chose qu’une vie paisible et décente sur leurs terres. Qui aurait intérêt à un tel drame ? 
3. Le plus regrettable, c’est que ces événements malheureux ont lieu sous l’œil impassible de ceux qui ont reçu le mandat de maintenir la paix et de protéger la population civile. Nos propres gouvernants se montrent impuissants devant l’ampleur de la situation, donnant l’impression de ne pas être à la hauteur des défis de la paix, de la défense de la population congolaise et de l’intégrité du territoire national. La classe politique tout entière ne semble pas prendre la mesure de sa responsabilité devant ce drame qui risque d’hypothéquer l’avenir de la nation. 
RESSOURCES NATURELLES ET PLAN DE BALKANISATION : NERF DE LA GUERRE 
4. Il est évident que les ressources naturelles de la RD Congo alimentent la convoitise de certaines puissances et ne sont pas étrangères à la violence que l’on impose à sa population. En effet, tous les conflits se déroulent dans les couloirs économiques et autour des puits miniers. Comment comprendre que les différents accords soient violés sans aune pression efficace pour contraindre les signataires à les respecter ? Les diverses conférences et réunions pour dénouer cette crise n’ont toujours pas abordé les questions de fond et n’ont fait que renvoyer et décevoir les attentes légitimes à la paix et à la justice de notre peuple. En outre, le plan de balkanisation que nous ne cessons de dénoncer est exécuté par des personnes relais. On a l’impression d’une grande complicité qui ne dit pas son nom. La grandeur de la RD Congo et ses nombreuses richesses ne doivent pas servir de prétexte pour en faire une jungle. Nous demandons au peuple congolais de ne jamais céder à toute velléité de balkanisation de son territoire national. Nous lui recommandons de ne jamais souscrire à une remise en question de ses frontières internationalement établies et reconnues depuis la conférence de Berlin et les accords ultérieurs. 
CONDAMNATION 
5. - Nous condamnons avec véhémence cette manière ignoble de considérer la guerre comme moyen pour résoudre les problèmes et accéder au pouvoir. L’ordre institutionnel issu des élections démocratiques dans notre pays doit être sauvegardé. 
- Nous dénonçons tous les crimes commis sur des paisibles citoyens et désapprouvons de la manière la plus absolue toute agression du territoire national. 
- Nous fustigeons le laxisme avec lequel la Communauté internationale traite le problème de l’agression dont notre pays est victime. 
QUE DEMANDONS-NOUS ? 
6. Nous demandons instamment la cessation des hostilités et la garantie des conditions de sécurité pour le retour des déplacés sur leurs terres. 
7. De toute urgence, nous en appelons à la solidarité nationale et internationale pour un accroissement de l’aide humanitaire en faveur des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants entassés dans des camps. 
8. Nous invitons toute la population congolaise à un sursaut national pour vivre en frères et sœurs, dans la solidarité et la cohésion nationale, afin que la RD Congo ne sombre pas dans la violence et les divisions. 
9. Nous exhortons le Gouvernement congolais à mettre tout en œuvre pour rétablir la paix sur toute l’étendue du territoire national. C’est le devoir sacré de nos gouvernants d’exercer leurs fonctions régaliennes afin de protéger le peuple et de garantir la sécurité aux frontières. Nul n’ignore que l’absence d’une armée républicaine est préjudiciable à la paix dans le pays. 
10. Nous demandons à la Communauté internationale de s’impliquer sincèrement pour faire respecter le droit international. Nous estimons impérieux l’envoi d’une force de pacification et de stabilisation pour rétablir notre pays dans ses droits. Tout le monde gagnera avec un Congo en paix plutôt qu’un Congo en guerre. 
ENGAGEMENT DE L’EGLISE 
11. Solidaire de la souffrance de son peuple, l’Eglise-famille de Dieu qui est en RD Congo s’engage à accompagner ses fils et ses filles meurtris pour les conduire sur le chemin de la réconciliation et de la paix. Elle exprime sa reconnaissance à Sa Sainteté le pape Benoît XVI pour son attention au drame de la RD Congo, ses appels répétés à tous pour une solution pacifique et pour l’aide financière qu’il vient d’apporter lui-même afin de soulager des populations déplacées. 
12. Puisse le Seigneur, qui a veillé pendant des heures au jardin de Gethsémani et qui a ressenti comme faites à lui-même toutes les souffrances infligées et imposées aux membres de son corps (cf Mt 25, 31-46), veiller avec nous et nous soutenir devant ce drame que connaît notre pays. 
Que la Très Sainte Vierge Marie, Reine de la paix, obtienne la paix à notre chère patrie. 
Fait à Kinshasa, le 13 novembre 2008 
 


14/11/2008
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