Vers un seul logo pour l’Opposition
Vuemba : « Tshisekedi a le droit légitime d’être candidat ! »
(La Prospérité 14/04/2011)
*Un candidat commun à la Présidence de la République et des candidatures communes à tous les niveaux des scrutins pour la grande famille de l’Opposition ne relève pas d’une utopie. L’Honorable Député Jean-Claude Vuemba, élu de Kasangulu, dans la province du Bas-Congo, l’a fait savoir hier mercredi, 13 avril 2011, au cours d’un échange avec un fin limier de La Prospérité. Patriote, homme qui tient à l’avancement de son pays, Jean-Claude Vuemba n’est pas allé par le dos de la cuillère, pour reconnaître la démarche menée successivement par Vital Kamerhe et Clément Kanku Bukasa.
© Copyright La Prospérité
http://lejalonducongo.unblog.fr/2011/04/14/vers-un-seul-logo-pour-lopposition/
« Je ne me sens aucunement frustré, bien que je sois l’initiateur », a-t-il précisé. Et d’ajouter que cela me conforte, parce que les rencontres à travers plusieurs groupes élargissent les réflexions et précèdent l’action. Le tout, a-t-il conclu sur ce chapitre, c’est pour aller aux élections avec un seul logo de l’Opposition. De la situation générale et lapidaire du pays, le Président National du MPCR a noté que le climat semble apaisé, mais de nature à provoquer des soubresauts à tout moment, en raison des injustices sociales et autres attitudes de la Majorité qui bloque les activités de l’Opposition. Des élections, Jean-Claude Vuemba est resté de marbre. « Les congolais s’y préparent pour sanctionner ceux qui ont miroité le bonheur aux Congolais à travers des projets chimériques. De la CENI et du calendrier électoral, l’élu de Kasangulu attend que soient organisées, dans le délai constitutionnel, les élections. Sinon, a-t-il prévenu, il faudrait dégager des responsabilités tant des institutions que des individus. Cependant, il a promis de se prononcer, le moment venu, sur le calendrier électoral. A propos de la loi électorale, il dénonce l’exclusion et la discrimination quant à la caution dont il juge le montant exagéré. Homme au sens critique, il en appelle à l’attention du Gouvernement pour que les Congolais de la diaspora participent au processus de légitimation des dirigeants du pays. A ce sujet, il affirme que rien ne peut s’y opposer ; encore que les passeports biométriques sont disponibles au Ministère des Affaires étrangères et dans les Ambassades. Lisez cette interview !!! Elle décortique l’ensemble de questions intéressant l’avenir du processus électoral dont la première date est avancée pour le 27 novembre prochain. La Pros : M. Jean-Claude Vuemba, quel regard lapidaire portez-vous sur la situation social et économique du pays ? JC Vuemba : La situation politique et sociale du pays semble être apaisée. Mais, le fond nous fait craindre un risque d’explosion un jour. Simplement parce que la crise sociale, économique que subit la population congolaise dépasse tout entendement. Ainsi, l’injustice qui caractérise le pays n’est guère pour un climat serein. Plus grave, c’est quand les partis politiques de la majorité au pouvoir communient avec leurs bases sans que l’Exécutif du pays nous bassine le problème sécuritaire ou d’autorisation. Mais, quand c’est la grande famille politique de l’Opposition qui entend vulgariser son projet avec la population congolaise, tous les stades, toutes les salles et les endroits publics sont refusés. Hélas ! A un moment donné, nous ne laisserons pas faire. Le pays appartient à tout le monde. La Pros : Que pensez-vous de la préparation des congolais aux prochaines élections ? JC V : Le quinquennat qui se termine avait germé une espérance après les élections parce que la légitimité a été reconnue à un camp, l’AMP. Mais, par manque de programme établi, ses membres se sont retrouvés aux affaires sans un projet de société préalablement étudié en profondeur. Rappelez-vous, au commencement Kabila est venu avec le quinquennat du social, puis les cinq chantiers, les portes de la prison sont ouvertes et maintenant, c’est la tolérance zéro, un, deux etc. Pourtant, le jeu de la démocratie n’est légitime que quand le peuple sanctionne l’équipe dirigeante, le cas échéant, renouvelle la confiance aux sortants. Sauvons l’impatience et la gourmandise que notre population attend pour aller aux élections, et faire le bon choix. La Pros : Et, pourtant le calendrier électoral tarde à être publié par la CENI, mais que la diaspora est toujours exclue ? JC V : De toutes les façons, le MPCR a été visité par la CENI comme d’autres partis politiques et plateformes tant de l’Opposition que de la Majorité. Mais, nous nous abstenons à commenter sur l’abstrait. Simplement, parce que nous estimons que le délai constitutionnel n’est pas encore dépassé. Le moment venu, nous aviserons. Mais, il ne serait pas de bon temps de faire avaler à la population congolaise les charges qui ne sont pas les siennes. C’est-à-dire, que le Gouvernement de la 3ème République ne doit pas culpabiliser le peuple congolais. Dans le cas échéant, la responsabilité institutionnelle doit être connue ainsi que les responsabilités individuelles établies pour que l’on sache, quatre ans après, pourquoi le Gouvernement ne s’y est pas pris d’avance pour reconduire l’échec et la réussite de sa légitimité. S’agissant de la diaspora, il faut reconnaître qu’aujourd’hui, avec les passeports biométriques qui sont au Ministère des Affaires étrangères et dans les Ambassades, il est important d’associer les congolais de la diaspora pour qu’ils soient, eux aussi, sources de la légitimité des dirigeants politiques congolais. Les exclure risque d’aggraver leur distance face aux institutions de la République. Il sera judicieux et je m’attellerais de faire un amendement pour que les Congolais de la diaspora soient recensés comme des nationaux. Car, il est inadmissible que le recensement ne puisse se faire dans ce pays. Dans d’autres pays africains, la diaspora est associée. Pourquoi pas au Congo ? Voilà pourquoi la réponse doit être limpide face à ce groupe de pression qui se trouve en Europe, en Amérique et en Afrique. La Pros : Etes-vous prêts pour la petite transition ? JC V : Je ne suis pas partisan de la culture de compromission, parce que le consentement inadapté d’une aventure non institutionnelle est un pari dangereux pour un pays comme le nôtre, qui a légitimé les institutions de la 3ème République. La Pros : D’après vous, après le 6 décembre, c’est le chaos ? JC V : Cela va de soi. Non, il ne faut pas utiliser le mot chaos. Il est plutôt important que le Gouvernement, au travers de son instrument technique, la CENI, puisse éviter le flou de l’incertitude relatif à un pseudo chaos. Que l’on organise les élections à temps. C’est un préalable. L’on doit savoir quelles sont les institutions qui ont failli et aussi établir les responsabilités individuelles. La Pros : Que pensez-vous de la loi électorale et de la caution y envisagée ? JC V : Il faut savoir que la proposition de la loi électorale présentée par notre collègue Célestin Tunda ya Kasende est un plagiat de la loi électorale de 2006. Voilà pourquoi la grande majorité des Députés de la Majorité ont rejoint l’Opposition sur l’inexactitude de cette loi. Elle doit être revisitée. Ainsi, nous avons voulu alléger la tâche, que d’un débat stérile, l’on ramène la loi de 2006, les amendements prévus et les articles révisés par la Constitution. Quant à la caution, je ne conçois pas le sacerdoce d’un leader d’opinion comme une charge financière. C’est-à-dire, que la chance doit être donnée à tous les congolais qui se sentent prêts à donner de leur vie pour l’épanouissement de notre pays. Evitons l’exclusion et surtout la discrimination négative financière, en particulier pour les femmes politiques qui se buteront devant cet iceberg financier. 100.000 dollars américains pour un candidat Président de la République est tout simplement exagéré et peu sérieux et farfelu. On aurait du réfléchir comme ça se passe ailleurs, la signature des Députés nationaux, provinciaux et des sénateurs. On peut bien avoir un projet pour la RD Congo et ne pas avoir cette somme. Quant à 5.000 dollars américains, le MPCR entend aligner plus de 250 députés. Comment avoir cet attrait des députés pour remplir les conditions de validation des candidats ? Nous revenons à l’époque antique où il faut être riche pour faire la politique. Ce qui est pourtant contraire à la pratique de la démocratie qui commence à la base. Avec ça, ne soyons pas surpris d’avoir des députés ‘‘bidons’’ qui ne répondent que oui pour 80 % et 20 % pour le contre. La Pros : Quid du programme commun de l’Opposition. JC Vuemba n’est-il pas frustré face à la démarche de Kamerhe et Clément Kanku ? Que dire de l’auto désignation de Tshisekedi comme candidat unique de l’Opposition ? JC V : J’en suis l’initiateur après moult réflexions et voyages à l’étranger. Sinon, l’impasse est persistante, parce que l’identification et la clarification qui fait le premier palier de tout rassemblement pose problème à certains leaders des partis politiques. Quant à Etienne Tshisekedi, il a le droit légitime d’être candidat et de vouloir que l’Opposition soit derrière lui. Mais, le tout, dans un environnement politique qui doit unir l’Opposition. D’ailleurs, il s’y emploie au regard de la participation de l’UDPS à la grande famille de l’Opposition. C’est ici l’occasion de souligner que l’abondance ne nuit pas quand elle est sincère. Le Président Kamerhe de l’UNC et le Coordonnateur Clément Kanku Bukasa de l’UN ne sont nullement en déphasage avec Jean-Claude Vuemba. La réflexion à travers ce projet ne concorde pas par rapport au projet que je mène depuis un certain temps. Mais, une rencontre à travers plusieurs groupes qui unissent l’Opposition serait une bonne chose pour que la réflexion puisse s’élargir et précéder l’action. Par ailleurs, je ne suis pas frustré parce que je suis un patriote, un homme qui aime son pays et connaît les sacrifices suprêmes pour que le Congo aille de l’avant. Le tout, c’est simplement que la grande famille de l’Opposition ait un candidat commun à la présidence de la République et des candidatures communes à tous les niveaux des scrutins. La Pros : N’est-ce pas là une utopie ? JC V : Savez-vous, un adage dit que : « Qui ne risque rien, n’a rien ». D’ailleurs, vous devez aussi savoir que les saintes écritures soulignent que seul Dieu connaît le destin. La Pros : Avez-vous une leçon à tirer de la situation en Côte d’Ivoire ? JC V : L’arrestation humiliante de Gbagbo ne doit pas servir de casus belli. La tradition bantoue et africaine interdise l’humiliation d’un Chef. Mais, quand l’obstination négative et l’égoïsme politique dépassent tout entendement, hélas ! Le ridicule apparaît. Soyons respectueux de vote de nos populations. Propos recueillis par Ghislain Lubula
La Pros.