VICTOR MPOYO RÉTABLIT LA VÉRITÉ
Victor Mpoyo rétablit la vérité de la Révolution du 17 mai |
16-05-2009 | |
Lisons Charles Onana : « la révolution du 17 mai » et la part de vérité de Victor Mpoyo
Ce dimanche, c’est la 17 mai ! Le 17 mai 1997, Laurent-Désiré Kabila prenait le pouvoir à Kinshasa après la chute de Mobutu. Ses amis américains venaient de la classifier dans la rubrique « des créatures de l’histoire » après tous « les bons et loyaux services » rendus pendant la guerre froide. « Le soldat du peuple » prend le pouvoir sans se défaire des liens historiques clairs ou flous avec « les parrains occidentaux ». Il sera victime d’une même erreur d’appréciation que Mobutu le 16 janvier 2001. « Cette erreur d’appréciation sur les liens qui unissent les autorités congolaises aux autorités américaines ou belges a été commises par tous les dirigeants congolais depuis 1960. Ils n’ont, au final, pas admis qu’ils resteraient, pour les Etats-Unis comme pour la Belgique, de simples pions sur l’échiquier, utilisés pour permettre l’exploitation légale ou illégale des immenses ressources du Congo. » (C. ONANA, Ces tueurs tutsi. Au cœur de la tragédie congolaise, Paris, Duboiris, 2009, p. 76)
Le 2 août 1998, Laurent-Désiré Kabila comprendra difficilement que « les nouveaux amis » de la Belgique, de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis se mettent à tuer ses compatriotes après qu’il leur ait demandé de retourner chez eux (en Ouganda, au Rwanda et au Burundi). Ils procéderont à ces massacres après s’être attribués exclusivement, à tort, la paternité de la victoire des forces de l’AFDL sur les partisans de Mobutu affaiblis par l’opposition politique interne et l’aide militaire de l’Angola.
En fait, « à la suite de la prise de Kinshasa par l’AFDL, une légende s’est installé dans l’opinion et les médias. Les militaires tutsi de l’Armée Patriotique Rwandaise avec à leur tête un certain James Kabarebe auraient été le fer de lance de la chute du maréchal Mobutu. James Kabarebe n’hésite pas à amplifier et à surdimensionner son rôle militaire pendant ces moments décisifs : « J’ai appelé Kabila sur son téléphone satellite et je lui dis que nous avons pris Kinshasa. Il était très excité et très heureux ». » (p.80) Et pourtant, « James Kabarebe n’a jamais été un acteur important dans la prise de Kinshasa. Il est arrivé après la bataille. C’est le général congolais Mufu Ndenga, venu d’Angola avec les Tigres angolais, qui est le véritable artisan de la chute de Kinshasa. Militaire chevronné et officier respecté, il a rejoint l’AFDL en 1996 en tant que haut responsable militaire. C’est à lui que sera dévolue la mission délicate de prendre la capitale congolaise sans effusion de sang et sans dérapage. » (p.81) Le récit de la chute de Kinshasa que ce compatriote livre à Charles Onana se passe de tout commentaire. Il nous permet de comprendre la récupération de la victoire de l’AFDL (à Kinshasa), à coup des mensonges et de la falsification de l’histoire congolaise par les extrémistes tutsi. « Cette imposture des extrémistes tutsi rwandais met Victor Mpoyo hors de lui : « Dire que la révolution de 1997 a été possible grâce à Kagame et à ses hommes c’est de la foutaise et je dirais même une insulte aux Congolais et à l’Angola. C’est l’Angola qui a fourni les moyens financiers, les militaires et les armes. Sur cette révolution, c’est l’Angola qui mérite notre respect et notre reconnaissance. Quand au Rwanda, son intérêt se limitait à la traque des Hutu réfugiés au Zaïre dont il voulait se venger en les exterminant». » (p.83) Et Charles Onana de commenter : « Ce qui est certain, c’est que le Rwanda, lui, a complètement atteint ses objectifs », avoués et non-avoués.
Que le Rwanda voulant atteindre ses objectifs au Congo/Zaïre ait coalisé avec les forces de l’AFDL, cela ne fait l’ombre d’aucun doute. Là où le bât blesse, c’est quand, à coup de mensonges et de manipulations, le Rwanda fait payer à notre pays l’effort de la guerre comme si l’unique objectif qu’il avait poursuivi au Congo était la chute de Mobutu.
En récupérant le rôle de premier plan, les extrémistes tutsi disqualifient les Congolais en tant qu’acteurs de leur propre histoire. Ceci participe des 18 principes de tout un « plan de colonisation Tutsi de la région du Kivu et autres régions d’Afrique Centrale » (Les pages 92,93, 94 et 95 du livre de Charles Onana décrivent ces principes. Nous y reviendrons dans un prochain article.)
L’histoire secrète de la révolution du 17 mai mérite d’être lue et relue par les Congolais et les Congolais luttant pour l’autodétermination de leur pays. Ils comprendront que la disqualification des Congolais et plus particulièrement de Victor Mpoyo et Mufu Ndenga comme acteurs de premier plan est idéologique : elle corrobore la thèse des Congolais incapables et BMW ; elle justifie leur occupation étrangère et/ou leur colonisation par les extrémistes tutsi et leurs collabos Congolais, « sous-traitants » des parrains occidentaux.
Et pourtant, c’est le carnet d’adresse de Victor Mpoyo et son argent qui auraient été d’un grand apport dans cette révolution. Combien de Congolais savent que notre compatriote a mené « une action discrète de lobbying auprès des Américains. » (p.65) En effet, « ayant participé au financement de la campagne électorale du président Bill Clinton, Victor Mpoyo est en mesure de discuter avec le président américain de son projet de renverser Mobutu. Bill Clinton lui envoie alors son émissaire Bill Richardson, ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU. » (p.65) Mais Victor Mpoyo ne connaît pas tous les acteurs du puzzle. Il ne sait pas que « même si Clinton porte une attention bienveillante à son projet de renverser le maréchal et semble y souscrire, au Pentagone, des contacts sont déjà pris avec des extrémistes tutsi pour aboutir à ce résultat. Washington veut que les extrémistes tutsi soient des acteurs incontournables dans le changement qui se prépare au Congo. A l’insu des Congolais, les extrémistes tutsi deviennent donc les sous-traitants de Washington au sein des forces de l’AFDL qui vont mener la guerre contre Mobutu. » (p.65) Le choix du Rwanda comme base-arrière de cette guerre à cause de sa proximité de la ville congolaise de Goma n’exclut pas la participation des autres extrémistes tutsi de l’Ouganda et du Burundi au changement que Washington veut obtenir au Zaïre.
Relire ces pages de notre histoire réelle a l’avantage de nous aider en en connaître « les acteurs pléniers » d’hier et d’aujourd’hui. Cette relecture nous permet de questionner la disqualification des Congolais comme acteurs de cette histoire et d’étudier la part de l’idéologie dont elle est pétrie. L’importance du travail de lobbying congolais ressort de cette histoire falsifiée. (à suivre)
J.-P. Mbelu
Bruxelles-Belgique
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